Les Phoenix De Solaris

Quand Asnath s’éveilla de nouveau, il faisait nuit et elle se trouvait dans le grand lit qui meublait la pièce exiguë qui lui tenait lieu de prison. Elle ne se souvenait pas d’être allée se coucher, en réalité la jeune femme ne se souvenait pas de ce qu’elle avait fait après que la liche l’ait quittée. Ce dont elle était sûre, c’était que désormais elle se sentait pareille à une coquille vide. Une coquille au cœur de laquelle brûlait sans cesse une flamme que sa rancune et sa colère ne faisaient qu’alimenter un peu plus à chaque instant.

Asnath se plaqua au mur gelé, immédiatement imitée par Nathaël, quelques mètres derrière elle. Ils ne pouvaient plus s’offrir le luxe d’être découverts, la moindre erreur se paiera au prix de leurs vies. La prêtresse se risqua à observer ce qui se passait de l’autre côté de leur abri en prenant garde à ne pas être repérée. Ses habits lui permettaient de ne pas dévoiler sa présence aux créatures du Fléau, à condition qu’elle ne s’en approche pas trop.

Après avoir pris la décision de poursuivre leur quête des Reliques malgré le fait que celles-ci soient déjà à l’abri de la Citadelle, Asnath avait rassemblé ses affaires et était partie sans tarder vers le sud, Nathaël l’avait suivie sans discuter. En vidant le sac de Noem’Aeda dans l’espoir d’y récupérer quelques vivres, la jeune humaine y avait trouvé des fioles au sujet desquelles elle avait auparavant discuté avec son amie. Ces dernières contenaient une potion qui permettait à celui qui la buvait de rester éveiller tant qu’elle ferait effet.

Ainsi que l’avait dit Teastraz, les drakes étaient bien plus rapides que n’importe quel autre moyen de transport. Leur endurance exceptionnelle permit même aux cinq compagnons de voyager tout le jour ainsi que la nuit qui suivit sans faire de halte supérieure à quelques minutes. Pour gagner plus de temps, les cavaliers essayèrent de dormir en selle pendant que les montures poursuivaient leur chemin vers la cité des mages. A la hauteur à laquelle volaient les drakes, le froid était encore plus mordant qu’au sol et le vent glacial harcelait les voyageurs qui n’avaient pas la chance de posséder une protection aussi isolante que les écailles des drakes.

La séparation entre le convoi et les cinq combattants qui partaient à la recherche des Reliques eut lieu au sud-ouest des Grisonnes, alors que la route bifurquait. Chailel avait stoppé la caravane pour la nuit à la croisée des chemins. Il avait alors expliqué que la route vers l’ouest menait directement à la Côte Oubliée, dans la Désolation des Dragons, tandis que celle du nord ne rejoignait cette région que plus tard, près du Donjon de Drak’Tharon. Les six compagnons qui s’étaient greffés au convoi avaient dès lors compris que l’heure de la séparation approchait.

Bien que prévu depuis longtemps, le départ de Zoorz frappa le moral d’Asnath et c’est avec un goût amer dans la bouche qu’elle avait suivit ses compagnons quand il fallut finalement se dire au revoir. Ce fut Ellécnite qui s’adressa au guerrier en premier. La gnome regarda sans rien dire son ami de longue date. Lorsqu’elle prit enfin la parole, sa voix n’était plus aussi cristalline.

Lorsque le navire qui transportait les six compagnons arriva en vue du Fjord Hurlant, le climat humide et doux des Royaumes de l’Est avait cédé la place à un froid vif et mordant et malgré le soleil éclatant dans le ciel vide de nuage, il fut rapidement nécessaire de changer de tenue afin de se protéger de la bise glaciale. De nombreux blocs de glaces, détachés de quelque banquise, dérivaient au grès des courants, rendant les manœuvres de l’équipage plus périlleuses.

Promis, la semaine prochaine, je reviens avec le Choix de la Lame, mais j’ai été un peu prise par le temps. Ne m’en voulez pas s’il vous plaît. Surtout que ce chapitre va être modifié par la suite. Elwi

Le lendemain Nanthamo arriva avec trois animaux de grande taille. Altéria n'avait jamais vu de créatures plus étranges à ses yeux. Ces étranges bêtes ressemblaient un peu aux mules que l’on pouvait trouver sur Niméo, bien que les dépassant en taille et en beauté. Le premier avait un pelage noir avec des marques blanches sur le front et près de ses sabots, le second était intégralement gris moucheté, enfin le dernier était plus petit et brun. Quand la jeune femme demanda à son ami comment s'appelaient ces étranges animaux, celui-ci la regarda avec des yeux incrédules.

Ni Altéria ni l’Enartien n’osèrent prendre la parole pendant un moment. Tous deux restèrent là à se dévisager en attendant que l’autre fasse le premier pas. Comme s’il se souvenait tout juste des ordres de son compagnon, le jeune homme s’ébroua pour reprendre ses esprits et claqua des doigts. Les mèches des dix étranges bougies s’éteignirent simultanément, emplissant la pièce de volutes âcres de fumée. L’Enartien se tourna ensuite vers la jeune femme qui n’avait pas bougé.

Tandis qu’il la dévisageait, Altéria put l’observer de façon plus poussée. Il avait un visage légèrement ovale, encadré par des cheveux bruns, mais ce que préféra Altéria, c'était ses yeux. De grands yeux dont la couleur était un mélange de marron pailleté d’or et dans lesquels elle pouvait presque voir les merveilles du monde dans lequel il vivait. L’Enartien n’était pas particulièrement beau, et semblait un peu frêle pour un guerrier, bien qu’on pu aisément voir que son apparence n’était pas en accord avec sa force physique. Cependant, il rayonnait tant de joie de vivre et de jeunesse qu’il était impossible de ne pas le remarquer. Après ce face-à-face le jeune homme prit la parole de nouveau.

Noem’Aeda ouvrait la marche tandis qu’Asnath la suivait en rechignant vers la tente de tissu blanc et violet qui se dressait un peu à l’écart des autres stands. Deux mois étaient passés depuis Stratholme et la mort de Tassanya. Maintenant qu’approchait le grand départ, la mage souhaitait profiter une dernière fois de la tranquillité de la forêt d’Elwynn.

Beaucoup de décisions avaient été prises durant leur voyage de retour des Maleterres, toutes autour d’un feu de camp, quelques jours après la discussion qu’Asnath avait eue avec son frère. C’était la veille de leur retour à Forgefer et il leur fallait choisir ce que tous feraient une fois à la capitale naine. Ce soir-là, réunis autour du feu, tous avaient réfléchi à la conduite à tenir, maintenant que les derniers gardiens encore vivants étaient rassemblés.