- Le diadème dont l’élémentaire parlait ?

- Oui, nous l’appelons le Diadème des Naarus. Cet objet recèle une force liée à la Lumière difficilement égalable. Tu vas sans doute trouver étrange que ce soit un chaman à qui on ait confié un pareil objet mais à l’époque sept jeunes guerriers, tous reconnus pour leur maîtrise parfaite de leur art, étaient chargés de protéger le Diadème. Le seul à avoir survécu était Izdar. Lorsqu’il est arrivé sur Azeroth, vivant, apportant avec lui la seule relique qui restait de notre peuple, il a tout de suite été décidé qu’il fallait remettre cet objet aux dirigeants de l’Alliance.

- Et c’est pourquoi ton frère est parti pour Theramore, n’est-ce pas ?

Noem’Aeda hocha la tête.

- Izdar avait été chargé de le remettre à Dame Portvaillant, continua-t-elle, le temps que celle-ci trouve un moyen de garder le Diadème en sureté, il avait pour mission de le protéger quoiqu’il advienne. Izdar n’était pas quelqu’un de négligent et je sais que s’il a choisi de garder la relique avec lui c’était pour mieux la protéger. Ce rendez-vous qui lui a été donné n’était qu’un piège pour l’attirer à l’écart de la ville. Il ne devait pas s’attendre à ce que le Fléau vienne attaquer aussi près de Theramore et avec suffisamment de troupe pour ne lui laisser aucune chance de s’échapper. Maintenant je comprends mieux le sens de ce qu’il m’avait dit avant de partir.

- De quoi parles-tu, Noem’Aeda ? demanda Asnath en s’appuyant à l’arbre.

- La plus grande qualité des gardiens du Diadème était leur discrétion, déclara la draeneï en s’asseyant par terre, à tel point que même leurs familles n’étaient pas au courant de leurs actions, sauf moi. Izdar et moi étions tellement proches que lorsqu’il a essayé de me mentir, je l’ai tout de suite su. Il m’a donc révélé une partie de la vérité mais pas suffisamment pour que je puisse être considérée comme une menace. Puis nous avons été séparés et Izdar m’a retrouvé sur Azeroth. Cela faisait plusieurs années que certains des nôtres le pressaient pour qu’il aille remettre le Diadème aux dirigeants de l’Alliance le plus vite possible, mais tant qu’il n’avait pas la preuve que j’étais morte en Draenor, il ne voulait pas quitter Brume-Azur. Alors quand nous nous sommes retrouvés, Izdar a accepté d’achever sa mission en partant pour un dernier voyage en tant que gardien du Diadème. Mais…

- Mais ?

- Auparavant mon frère m’avait expliqué que si jamais il lui arrivait malheur, la dague serait son testament. Lorsque je lui ai demandé ce qu’il voulait dire, il m’a simplement répondu que mes deux premières questions devraient concerner la localisation du Diadème et l’identité de ses possesseurs. Sur le moment je n’ai pas compris, je ne pensais pas que le Fléau aurait découvert si vite l’identité du gardien du Diadème.

- Qu’est-ce que le Fléau aurait à faire d’une relique possédant une telle aura sacrée ? demanda Asnath, son utilisation n’aurait pour effet que de les détruire.

Noem’Aeda ne répondit rien, se relava, prit la dague avec elle, et commença à rebrousser chemin, suivie par Asnath. Lorsqu’elles arrivèrent près de leurs montures, la draeneï reprit la parole.

- Il y de cela quelques années, commença la mage en monta en selle, la Horde et l’Alliance ont lancé une attaque commune contre Angrathar, le Portail du Courroux, qui, s’il était tombé, aurait ouvert la porte sur la Citadelle de la Couronne de Glace. Voyant son armée menacée, le Roi Liche lui-même s’est mêlé à la bataille. Et alors sont arrivés les Réprouvés qui s’étaient soulevés contre leur propre reine. Les traîtres ont dévoilé leur nouvelle arme, une sorte de peste inconnue qui est parvenue à décimer les deux armées et qui a obligé le Roi Liche à battre en retraite. Depuis, il cherche un moyen de se prévenir contre de telles armes, avoue que ce serait dommage de tomber face à ses propres créations.

- Et le Diadème peut l’y aider ?

- S’il parvenait à en maîtriser la puissance, ce qui ne fait aucun doute, il aurait le moyen de l’utiliser pour augmenter son pouvoir. Cependant je ne suis pas sûre que cela lui suffise. Il va sans doute rechercher les autres reliques.

- D’autres reliques ? Il existe d’autres sources de pouvoir telles que le diadème ? demanda Asnath.

- Oui, répondit Noem’Aeda en faisant avancer sa monture, c’est d’ailleurs pour ça que nous n’avons pas choisi de garder le Diadème secret pour nos alliés. D’après ce qu’Izdar m’a raconté en m’expliquant les raisons de son départ, il y en aurait trois autres. La première est un objet né de l’inventivité des Gnomes. Ils l’ont appelé Clef des Profondeurs, c’est en réalité l’équivalent d’une énorme batterie.

- A quoi cela serait-il utile au Fléau ?

- La plupart de leurs expériences immondes nécessitent une quantité d’énergie phénoménale qu’il n’est pas forcément facile de créer. L’énergie électrique que renferme la Clef est équivalente à celle que produiraient tous les éclairs qui ont déchiré le ciel d’Azeroth depuis trois siècles s’ils s’abattaient en un seul et unique endroit. Les autres reliques, elles, n’auraient pour but que de renforcer le pouvoir du Roi Liche.

- Quels sont ces objets ?

- Le troisième objet est nommé Rune Solaire, c’est une pierre qui jadis a été trempée dans le Puits de Soleil de Quel’Thalas. Elle est donc imprégnée d’une infime partie de la puissance du puits, mais à notre échelle c’est un pouvoir incommensurable. Enfin, le dernier objet est la Larme d’Elune, à l’origine c’est une goutte de sève de l’Arbre Monde qui a cristallisé après que celui-ci ait été détruit. Là encore, cette relique donne accès à un pouvoir que toi et moi ne pouvons qu’à peine envisager. Et si le Fléau s’intéresse à ces objets et a réussi à récupérer le diadème, tu peux être sûre qu’ils vont tuer tous les autres gardiens pour atteindre les autres reliques.

- Sais-tu qui sont ces gardiens ? Nous pourrions sans doute les prévenir.

- La Rune est gardée par un ordre spécial de paladins Elfes de Sang. Pour la Clef, je n’en ai aucune idée, sans doute un ingénieur gnome qui l’utilise pour essayer de faire fonctionner je ne sais pas quelle expérience. En revanche, pour la Larme, je connais le nom de sa gardienne. C’est une Elfe de la Nuit du nom de Tassanya.

Asnath arrêta net sa monture en entendant ce nom.

- Tassanya, répéta-t-elle abasourdie, tu as bien dit Tassanya ?

- Tu connais cette elfe ?

- Pas bien non, mais je connais son compagnon. C’est celui que j’appelle mon frère, Omundron. Noem’Aeda, est-ce que tu penses que le Fléau peut venir à bout d’un gardien et d’un druide si jamais l’occasion devait se présenter ?

La draeneï ne répondit rien et détourna les yeux, son silence servit de réponse à la prêtresse.

- Alors nous devons les retrouver avant que le Fléau ne le fasse. Puis-je compter sur toi ?

Noem’Aeda resta silencieuse un moment, puis se tourna vers l’humaine.

- Et ta famille ? Tu ne pars plus à sa recherche ?

- Pour l’instant ma famille c’est Omundron, répliqua Asnath, j’ai déjà laissé passer une occasion de sauver un être cher, je ne ferai pas l’erreur deux fois. De plus, comme je n’ai rien trouvé à Theramore mes recherches n’ont que bien peu de chances d’aboutir. Noem’Aeda, je ne peux pas aller loin sans toi et je sais que coûte que coûte tu iras chercher le Diadème, ne serait-ce qu’en mémoire de ton petit frère. Alors je te propose que nous continuions ensemble quoiqu’il arrive.

La draeneï regarda un instant dans le vide puis inspira profondément et plongea son regard mat dans celui émeraude de la prêtresse.

- Asnath, saches qu’à jamais tu as ma gratitude et mon soutien. Je te suivrai pendant que nous rechercherons les gardiens des reliques et même après si nous survivons.

- Pour l’instant sers-moi de guide, où allons-nous ?

- Où sont partis ton frère et la gardienne ?

- Hurlevent.

- Nous irons donc à Hurlevent, mais le temps presse et il est hors de question de le perdre en voyageant par la mer. Nous utiliserons donc la magie.

Noem’Aeda sauta de son elekk, sorti une pierre gravée de son sac et prononça à voix haute une incantation. La pierre se consuma et l’espace se distordit devant la mage. Un étrange vortex se forma sous leurs yeux, de l’autre côté on apercevait l’image vague d’un jardin.

- Un portail… murmura Asnath.

- Un portail en effet. Maintenant j’espère que la lumière en laquelle tu crois si fort a décidé d’être clémente avec nous, parce que rien ne dit que nous arriverons en un seul morceau de l’autre côté.

La draeneï attrapa les rennes de sa monture et marcha d’un pas décidé au travers du vortex. L’humaine suivit son amie peu de temps après, déterminée à sauver son frère adoptif du sort qui l’attendait et elle ne reculerait devant rien pour y parvenir.

 

Chapitre Dix-huit : Recherches infructueuses.

 

Asnath ressortit du portail une seconde à peine après y avoir pénétré. Celui-ci l’avait déposée dans l’herbe qui poussait au pied d’une grande tour de pierre. Noem’Aeda était déjà remontée en selle et l’attendait. Asnath voyait bien que malgré son air déterminé, son amie aurait voulu pouvoir faire le deuil de son frère plutôt que de se retrouver projetée dans une course-poursuite qui avait si peu de chance de tourner en leur faveur. La prêtresse aurait voulu lui dire que si la mage en avait besoin, elles auraient pu attendre un peu de temps pour qu’elle puisse se remettre du choc. Mais elle savait que la draeneï ne voulait pas montrer sa faiblesse en laissant libre court à son chagrin. Aussi, Asnath ne dit rien.

- Que faisons-nous maintenant ? demanda Noem’Aeda en s’approchant de la prêtresse.

- Il est suffisamment tôt pour que nous puissions commencer les recherches, déclara cette dernière. Cependant Omundron et Tassanya ont prit beaucoup d’avance. Combien de temps faut-il pour traverser la Grande Mer ?

La mage réfléchit quelques secondes avant de répondre.

- Je dirais une semaine. Les marins parviennent à utiliser le courant provoqué par le maelström pour accélérer leurs navires.

- J’ai quitté le couvent trois jours après eux, puis nous avons mis deux semaines à atteindre Theramore où nous sommes restées une journée. Ils sont donc arrivés à Hurlevent il y a environ huit jours.

- Tu savais ce qu’ils avaient l’intention de faire après ?

- Je n’en ai pas la moindre idée. Nous pouvons toujours espérer qu’ils soient encore dans cette ville. Mais elle est si grande… se désola l’humaine en balayant de la main la partie de la ville où elles se trouvaient, par où commencer ?

- Ce sont des elfes, commençons par le Parc. C’est là bas que tous les elfes résident.

- En ce cas, votons pour le Parc. De toute manière je te suis car tu es la seule à connaître les lieux.

Elles s’engouffrèrent donc dans le dédale de ruelles qu’était Hurlevent. La capitale humaine était très différente de la grande cité elfe de Darnassus, seule référence pour Asnath. Alors que la capitale de Teldrassil était un hommage rendu à l’harmonie entre le peuple elfe et la nature, Hurlevent était au contraire un étalage des prouesses architecturales humaines. Les plus beaux exemples étant la grande Cathédrale de la Lumière ainsi que le Donjon de Hurlevent où résidait la famille royale.

La ville s’organisait en différents quartiers autour des canaux aux bords desquels les enfants pêchaient à la ligne. L’ordre militaire se ressentait cependant dans la répartition stricte des fonctions des quartiers, chacun étant dévolu à une catégorie de la population. De plus, chaque partie de la ville semblait avoir été conçue pour servir de miroir à une autre.

Le Parc, demeure exclusive des elfes, était comme un petit joyau de verdure entouré dans un écrin de pierre blanche et l’air pur qui y flottait offrait une alternative reposante à l’épaisse fumée âcre qui assombrissait le Quartier des Nains. L’ordre studieux du Quartier des Mages contrastait avec le brouhaha permanent qui régnait dans le Quartier Commerçant et au bord des canaux, là où se tenaient toutes les échoppes les plus importantes. Enfin, la vieille ville et ses ruelles sombres et inquiétantes, dans lesquelles on pouvait faire toutes sortes de rencontres, était le reflet de la lumineuse place de la Cathédrale où se célébraient toutes les cérémonies de mariages qui avaient lieu à Hurlevent.

Au loin, on entendait le ressac et le vent portait les effluves marins qui montaient du grand port où arrivaient tous les bateaux en provenance des autres continents. Cependant, bien que construite comme une merveille de l’art humain, la capitale n’en était pas moins un bastion fortifié et les gardes qui patrouillaient en permanence, surtout dans les environs du donjon, étaient toujours là pour le rappeler.

Mais l’immensité de la cité de Hurlevent était aussi un problème pour Asnath et Noem’Aeda qui cherchaient à retrouver deux elfes dont elles savaient juste qu’ils étaient venus la semaine précédente. Bien mince indice pour commencer des recherches. En effet, elles eurent beau interroger tous les commerçants qu’elles virent ainsi que les gardes de la ville, personne ne se souvenait de ces deux elfes en particulier. Trop de monde passait par Hurlevent chaque jour pour que ces deux là aient été remarqués.

Asnath et Noem’Aeda passèrent l’après-midi à chercher une personne capable de leur indiquer où ils pourraient trouver le druide et la chasseresse, en vain.

Lorsque l’après-midi toucha à sa fin et que la cloche de la cathédrale retentit une dernière fois avant que le nuit ne tombe, Noem’Aeda convainquit Asnath de stopper là leur investigation. Les deux amies repérèrent une auberge qui n’était pas encore complète, y prirent deux chambres et se retrouvèrent plus tard à table.

Dès qu’elle vit Noem’Aeda arriver, Asnath sut que la draeneï avait pleuré pendant longtemps. Ses yeux étaient gonflés et bien plus ternes qu’à l’accoutumée et sa peau portait encore les traces du passage des larmes. Le repas se déroula donc dans un silence pesant, jusqu’à ce que la mage décide de parler.

- Comment fais-tu Asnath ?

- Pardon ?

- Comment as-tu fais pour ne pas devenir folle ? continua la draeneï, pour continuer à avancer. Lorsque nous nous sommes rencontrées, tu avais à peine perdu ta mère et pourtant tu ne semblais pas en souffrir. Je veux dire… je sais que tu en souffres beaucoup mais… on ne dirait pas quand on te voit pour la première fois. Il y a dans tes yeux comme un éclat de détermination implacable, comme si rien ne pouvais t’arrêter, pas même les pires épreuves. Moi, je n’ai qu’une envie, c’est de me jeter dans un précipice en espérant pouvoir rejoindre mon frère dans un monde meilleur. Pourquoi est-ce que je ne t’avais jamais vu verser une larme avant ce matin ?

La prêtresse posa ses couverts à côté de son assiette avant de lever ses yeux émeraude sur son amie affligée.

- Pour tout te dire Noem’Aeda, murmura Asnath, je ne le sais pas moi-même. Quand Reïna est morte sous mes yeux, je crois que j’aurais accepté de donner tout ce que je possède, sans exception, ne serait-ce que pour la voir se réveiller un jour. J’ai cru que ma peine allait me tuer. Pendant les heures et les jours qui ont suivit, je n’ai rien fait, pendant trois jours je n’ai pas quitté son chevet, j’étais comme coupée du monde. Et pas une fois je n’ai pleuré, comme si mon chagrin avait été trop fort pour que les larmes puissent le décrire, comme si elles n’étaient pas suffisamment puissantes pour décrire un tel désarroi. Je me sentais tellement seule, sans personne pour comprendre la douleur que j’éprouvais d’avoir échoué à la sauver. Puis j’ai fini par me rendre compte que mon chagrin ne me ferait pas  avancer et, que c’était une offense au sacrifice de ma mère adoptive que de me laisser mourir de chagrin. Sans que je sache tout à fait pourquoi, ma peine s’est muée en une froide détermination. J’étais déterminée à ne plus jamais laisser mon avenir entre les mains du hasard, déterminée à écrire mon histoire comme je l’entends.

Asnath s’arrêta un instant pour respirer et mettre de l’ordre dans ses sentiments. C’était la première fois qu’elle racontait ce qu’elle vivait et la force de sa douleur.

- Je ne sais pas qui je suis, je ne sais pas où est ma place. Cependant, je sais que nous avons tous un rôle à jouer dans notre vie. Je ne veux pas que mon nom soit synonyme de lâcheté et de résignation. Aussi je suis partie, pour que plus jamais quelqu’un écrive à ma place le rôle que je jouerai dans ce monde. Mais, Noem’Aeda, ne penses pas que je sois aussi forte que je le laisse paraître, je n’ai même pas conscience de l’image que les autres ont réellement de moi. Au fond de moi, je crains le monde alentour plus que quiconque, tu l’as bien vu. Je ne connais pas mes parents, mais je veux juste être sûre que personne ne puisse dire que je leur fait honte.

Asnath remarqua seulement à ce moment qu’elle tenait ses poings serrés sous la table et qu’elle se sentait en colère. Elle prit alors sa tête entre ses mains pour se calmer et acheva son explication.

- Je ne suis pas forte Noem’Aeda, soupira-t-elle en fermant un instant les yeux, et, plus que tout au monde, lever le mystère de mon existence est ma raison de vivre. C’est le but que je me suis fixé pour ne pas errer en ressassant les regrets du passé. Parce que pour moi ce sera une forme de vengeance pour l’incertitude perpétuelle dans laquelle je vis.

Noem’Aeda ne dit rien, se leva et, en passant à côté de la prêtresse pour quitter la salle, elle s’arrêta à la hauteur d’Asnath. Fixant le mur devant elle, la draeneï prit une grande inspiration.

- Je ne peux pas te dire à qui appartient le sang qui coule dans tes veines, déclara-t-elle d’une voix plus assurée, mais voilà ce que je peux te dire. Asnath, pour moi tu es une amie précieuse, même si nous nous connaissons depuis bien peu de temps. Qui plus est ton âme est noble et courageuse. Tu as osé me tenir tête pour sauver Naarok et maintenant, tu fais tout ce qui est en ton pouvoir pour que ton frère soit sauf. Alors que toi aussi tu es affligée par la perte d’un être cher, tu n’as pas hésité un instant à me consoler et à mettre de côté ton chagrin pour m’accompagner. Enfin, il ne t’a fallut qu’une seconde pour choisir entre poursuivre la recherche de tes parents et trouver un moyen de protéger les trois autres reliques. Tu es forte, mon amie, parce que tu es capable de te sacrifier en abandonnant une quête qui aurait pu t’apaiser. Tu es forte car tu l’as fait dans le but de te jeter dans un projet suicidaire simplement parce qui pourrait sauver des milliers de vie. Voilà qui tu es Asnath, et c’est la seule chose qui compte. Tu es parvenue à transformer ton chagrin et, en me confiant tes faiblesses, tu viens de me montrer le chemin à suivre. Et si les blessures que je porte ne se referment pas avant longtemps, je continuerai cependant à avancer parce que si mon frère était près de moi et me voyait ainsi, il aurait honte de sa grande sœur. Je sais que son amour me suivra toujours, et par amour d’Izdar, je me ferai un devoir de vivre mon existence deux fois plus intensément, pour moi… et pour lui.

L’humaine et la draeneï restèrent un instant immobiles, côte à côte, le regard tourné  à l’opposé l’un de l’autre. Enfin, Noem’Aeda quitta la pièce pour rejoindre sa chambre tandis qu’Asnath restait plongée dans ses pensées.

Cette nuit-là, les passants qui s’attardaient dans les rues de Hurlevent purent voir, assise sur le rebord de la fenêtre d’une auberge, une jeune humaine qui regardait le ciel étoilé.